Après une brève interruption, Billy Bob Thornton revient à l’écran dans Devil’s Peak, un autre thriller policier gothique du Sud, dans le genre de rôle menaçant et à deux mains qui l’a rendu célèbre. Le film n’est pas grand-chose, mais sa routine unique de redneck buveur de whisky et cracheur de tabac est la chose qu’il fait mieux que quiconque, et il le fait si bien dans Devil’s Peak qu’il vous fait oublier une multitude de défauts.
Dans les Appalaches du comté de Jackson, en Caroline du Nord, il s’appelle Charlie McNeely, un trafiquant de drogue méchant et impitoyable dont le fils Jacob a été initié à l’entreprise familiale, gagnant de l’argent en cuisinant et en vendant des amphétamines comme certains enfants complètent leur allocation hebdomadaire en tondant les pelouses. Mais Jacob est maintenant assez grand pour trouver sa conscience et une petite amie qui le fait se sentir coupable. Sa mère, qui souffre depuis longtemps, s’est déjà abandonnée à une existence gâchée par la méthamphétamine et l’alcoolisme, mais il a beau essayer de soulager sa douleur, ses efforts pour lui sauver la vie sont réduits à néant.
Il pense alors à s’enfuir, mais son père est un voyou chauve, couvert de tatouages, qui dirige sa dynastie de bouseux par la force brute. Pire encore, il possède un arsenal d’armes qu’il n’hésitera pas à utiliser sur quiconque le croise, des deux côtés de la loi. Et la jeune fille respectable dont Jacob rêve est aussi la fille du citoyen le plus respecté de la ville qui, en plus d’être l’un des principaux ennemis de Charlie, est candidat au poste de gouverneur et déterminé à mettre fin à la source de revenus illégaux du clan McNeely, ce qui compromet doublement les espoirs de fugue du garçon et entraîne une série de violences artificielles et inutiles.
Jacob est joué par le nouveau venu Hopper Penn, le fils de Sean Penn et Robin Wright, qui, en quelques brèves scènes, parvient à voler le film à tous les autres dans le rôle de Virgie, la mère ravagée du garçon. Déchiré entre la loyauté envers son père et la vengeance du suicide de sa mère, l’inexpérience de Penn se traduit par une performance trop sombre et léthargique pour faire avancer la faible narration au rythme plus rapide dont elle a cruellement besoin. Il sera intéressant de le revoir dans un meilleur film que celui-ci. Le reste de la distribution fait un travail louable en essayant de donner au film un élan autre que les coups de feu, mais le scénario de Robert Knott et la mise en scène de Ben Young semblent avoir été gâchés dans la salle de montage. Emma Booth, dans le rôle de la maîtresse acerbe et salée de Charlie, et Katelyn Nacon, dans le rôle de la fille qui pousse Jacob à se défaire du contrôle de son vilain père et à passer dans le droit chemin, sont trop peu développées pour avoir un grand impact, et Brian d’Arcy James, dans le rôle du père politiquement ambitieux de la fille, n’apparaît pratiquement pas.
Cela laisse à Billy Bob Thornton le soin de porter le film à lui seul. Sa façon folklorique de prononcer une multitude d’expressions familières sur le poulet et les gaufres comme s’il crachait du babeurre est payante, même si la plupart de ses répliques n’ont aucun sens. “Si ce truc explose pour une raison quelconque”, dit-il en tendant un pistolet à son fils, “il touchera de la boue et de l’eau”. Hein ? “Tu as déjà remarqué que la peau de l’extérieur de ta lèvre est plus épaisse que celle de l’intérieur ?” On finit par renoncer à essayer de comprendre de quoi il parle et on se contente de regarder les affaires qu’il invente pour rendre intéressant un personnage ignoble entre deux fusillades. A la fin, 90% des acteurs sont morts et ce qui reste du film implose dans une cacophonie de bruit et de chaos. Avec une ambiance appalachienne formidable et des moments d’action soigneusement construits, Devil’s Peak n’est pas un film terrible, mais dans l’ensemble, ce n’est pas non plus un film particulièrement mémorable. Il reste là, sur la table, comme du gruau vieux d’un jour.